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Mieux comprendre sa ménopause

Mieux comprendre sa ménopause

istockphoto.com Photographe : istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

Hypersensibilité, insomnie, bouffées de chaleur: nos hormones jouent au yoyo, c’est la ménopause qui frappe à la porte. Comme on n’y échappera pas, autant apprendre à la connaître.

La ménopause fait référence à l'arrêt définitif des règles. «À la ménopause, les ovaires arrêtent de fonctionner. D'un point de vue médical, on dit qu'une femme atteint la ménopause après une année complète sans menstruation, indique la Dre Michèle Moreau, médecin généraliste à la Clinique de médecine familiale du CHUM et spécialiste de la santé des femmes. Cela arrive entre l'âge de 45 et 55 ans, l'âge moyen étant de 51 ans. Avant cela, la femme vit une période de transition de 2 à 8 ans durant laquelle la fonction ovarienne fluctue et la production d'hormones par les ovaires est anarchique.»

Cette période de transition, c'est la périménopause. «Elle provoque des montagnes russes d'hormones, dit la Dre Sophie Desindes, gynécologue et professeure agrégée au Département d'obstétrique au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS). Le cycle menstruel devient irrégulier, avec des menstruations très rapprochées ou au contraire éloignées, prolongées et abondantes.»

Vrai ou faux? On teste nos connaissances

  • Si on a eu nos règles tôt, on sera ménopausée tôt. Faux. «L'âge des premières règles n'a pas d'influence sur l'âge de la ménopause, dit la Dre Moreau. Le fait d'avoir eu ou non des enfants non plus, pas plus que le fait d'avoir pris ou non la pilule. Ce qui compte, c'est notre hérédité. L'âge auquel ont été ménopausées notre mère ou les femmes de la famille de notre père peut nous donner une idée.» 

  • Les hormones font engraisser. Faux. «La majorité des femmes gagnent du poids durant la ménopause, qu'elles prennent ou non des hormones, souligne la Dre Dodin. C'est dû au changement de notre métabolisme de base. Avec l'âge et la ménopause, on perd de nos muscles, qui sont les plus grands consommateurs d'énergie. Cela fait qu'au repos on brûle moins de calories qu'avant. Le meilleur moyen de contrer cet effet, c'est de bouger tout en intégrant des exercices de musculation.» 

  • Grâce à l'hormonothérapie, notre peau vieillit moins vite. Vrai et faux. C'est vrai que l'oestrogène améliore l'épaisseur et l'élasticité de la peau. «Mais on ne peut pas dire que ça prévient les rides, affirme la Dre Dodin. Plusieurs facteurs influencent le vieillissement de la peau, comme l'exposition au soleil, l'usage du tabac et la génétique. Et, d'après ce que je vois dans ma pratique, l'hérédité compte vraiment pour beaucoup.»  

Notre corps en ménopause

La fluctuation hormonale de la périménopause et la baisse de sécrétion d'oestrogènes de la ménopause entraînent une série de manifestations physiques. «Les symptômes commencent en périménopause. Ils s'accentuent à mesure qu'on s'approche de la ménopause et ils persistent pendant quelques années en période de post-ménopause. Généralement, ils s'atténuent 4 à 6 ans après l'arrêt des règles, parce que le corps s'habitue», explique la Dre Desindes.

Les manifestations les plus spectaculaires du manque d'oestrogènes sont les bouffées de chaleur. C'est une chaleur qui nous prend à la poitrine et qui monte au visage. Cela dure de 30 secondes à 5 minutes et survient subitement, de jour comme de nuit. «Notre thermostat est dérangé et on se met à transpirer abondamment pour évacuer la chaleur, dit la Dre Moreau. Environ 80% des femmes ont des chaleurs, mais à des fréquences et des intensités différentes.» Les douleurs articulaires et musculaires sont aussi des symptômes très fréquents, mais moins connus. «Au lever le matin, les femmes ont mal aux os, aux articulations, aux hanches», illustre la Dre Moreau.

Quelques autres zones où les symptômes se font sentir:

  • Cerveau. Certaines femmes éprouvent des pertes de mémoire, un manque de concentration et parfois des maux de tête.

  • Yeux. La production lacrymale baisse, entraînant une sécheresse et une irritation des yeux.

  • Cheveux. On peut constater une perte plus abondante, un ralentissement de la pousse de même qu'une réduction de l'épaisseur des cheveux.

  • Visage. Certaines femmes notent l'apparition de poils au visage: sur le menton, au-dessus de la lèvre supérieure, sur les oreilles et le nez.

  • Seins. Ils peuvent être gonflés et sensibles.

  • Os. Selon la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC), les femmes peuvent perdre jusqu'à 30% de leur masse osseuse au cours des dix années suivant la ménopause.

  • Sécheresse vaginale. Les tissus du vagin s'amincissent, s'assèchent et deviennent moins élastiques. Le vagin se raccourcit et se rétrécit. Ces changements peuvent entraîner des symptômes désagréables comme des douleurs lors des relations sexuelles.

  • Vessie. L'incontinence urinaire ou un urgent besoin d'uriner sont des problèmes courants. Les infections urinaires sont aussi plus fréquentes.

  • Coeur. La diminution d'oestrogènes nous rend plus à risque de maladies du coeur.

  • Ventre. Les femmes gagnent en moyenne de 5 à 9 livres durant la période qui entoure la ménopause. Et la graisse a tendance à s'accumuler davantage au niveau de l'abdomen.

  • Peau. La peau s'amincit, s'assèche plus rapidement et perd un peu de tonus en raison d'une diminution du collagène.

La ménopause, c'est aussi dans la tête

«On a des récepteurs à progestérone et à oestrogène dans le cerveau, et ces hormones ne sont pas en lien seulement avec la reproduction. Elles sont impliquées dans la régulation de notre niveau d'énergie et de notre contrôle émotif», explique la Dre Marie-Josée Poulin, psychiatre à l'Institut universitaire en santé mentale de Québec et chef du programme de psychiatrie périnatale et de santé mentale pour femmes de Québec. Pas étonnant que tout ça entraîne des symptômes psychologiques et émotifs comme un sentiment de tristesse, de l'anxiété et de l'irritabilité chez 25 à 46% des femmes. «Mais seulement 5 à 8% des femmes sont à risque de développer une dépression durant cette période», précise la Dre Poulin, qui rappelle de ne pas hésiter à consulter si on ne se sent pas bien. Des améliorations dans notre hygiène de vie (alimentation saine, exercice, temps pour soi) peuvent aussi améliorer notre état psychologique. Mais au professionnel d'évaluer la situation, car il y a plusieurs aspects à considérer. Outre les changements biologiques, des bouleversements dans notre vie (retraite, décès de proches, enfants qui quittent la maison) peuvent aussi affecter notre humeur.

La ménopause sous la couette?

La baisse de libido observée à la ménopause est attribuable à plusieurs facteurs, soutient la Dre Desindes. «Le manque de sommeil et les symptômes psychologiques peuvent expliquer une baisse d'intérêt pour la sexualité, dit-elle, mais la sécheresse vaginale causée par le manque d'oestrogène, qui peut aller jusqu'à l'atrophie du vagin, est un facteur déterminant, car cela peut rendre les relations sexuelles douloureuses. Il est important que les femmes en parlent à leur médecin, car il existe des traitements vaginaux en crème, en comprimé ou en anneau qui permettent de régler le problème.» Elle ajoute qu'avoir des relations sexuelles sur une base régulière est un bon moyen de prévenir l'atrophie vaginale. L'excitation sexuelle encourage la production de fluides lubrificateurs du vagin.  

La nourriture peut-elle nous soulager?

On trouve dans certains aliments d'origine végétale des substances appelées phyto-oestrogènes, qui ont une structure chimique semblable à celles des oestrogènes produits par nos ovaires. On les trouve notamment dans le soya et les graines de lin. Dans son livre Ménopause, nutrition et santé, la diététiste Louise Lambert-Lagacé mentionne que des recherches ont montré que les phyto-oestrogènes contenus dans le soya et les graines de lin diminuent les bouffées de chaleur à la ménopause. Elle recommande d'intégrer à notre alimentation quotidienne au moins 15 ml (1 c. à tab) de graines de lin moulues et environ 100 g de tofu ou 300 ml de boisson de soya. «On doit être patiente, prévient toutefois Mme Lambert-Lagacé, car il faut prévoir 3 à 6 semaines avant de ressentir une différence.» Elle suggère également d'augmenter notre consommation d'aliments riches en bore, un minéral comme le calcium et le fer. «Comme son action s'apparente à celle des oestrogènes - mais avec un pouvoir plus limité -, le bore peut aider à diminuer les bouffées de chaleur», écrit-elle. La plupart des fruits et des légumes, tout comme les légumineuses et les noix, contiennent du bore, notamment les avocats, les pruneaux, les raisins et abricots séchés de même que les haricots rouges cuits et les noisettes. D'autre part, il est à noter que le café, l'alcool et les mets épicés peuvent augmenter les bouffées de chaleur.

Certains produits naturels comme le trèfle rouge et l'actée à grappes noires en capsules contiennent aussi des phyto-oestrogènes pouvant réduire les bouffées de chaleur. «Les phyto-oestrogènes ne réduisent les bouffées de chaleur que d'une par jour, mais l'effet placebo les réduit de 30%, indique la Dre Dodin. Mais il y a peu d'études sur les effets à long terme de ces produits et je recommande aux femmes d'aller chercher les phyto-oestrogènes dans l'alimentation plutôt que dans les suppléments pour éviter les excès.» Sans oublier que les produits naturels ne sont pas remboursés par les assurances ni la RAMQ. La SOGC prévient aussi qu'il n'existe aucunes données à long terme sur l'innocuité des remèdes à base de plantes médicinales.

5 questions sur l'hormonothérapie

1. Ça fait quoi, au juste? L'hormonothérapie remplace les hormones que les ovaires cessent de produire à la ménopause. Elle comprend une combinaison d'oestrogènes qui contribuent à soulager les femmes de leurs symptômes et un progestatif qui protège la muqueuse de l'utérus contre les cancers de l'endomètre. Elle est offerte sous plusieurs formes: comprimé, timbre, gel, crème et anneau vaginal.

2. Est-ce pour toutes les femmes? «L'hormonothérapie s'adresse aux femmes présentant des symptômes importants de la ménopause, estime la Dre Dodin. Mais le degré d'inconfort varie selon les femmes et leur capacité à endurer. Les femmes qui souffrent ou qui jugent que leur qualité de vie est perturbée peuvent demander l'hormonothérapie.» On peut aussi prendre l'hormonothérapie en périménopause. «Il s'agit souvent de femmes qui n'ont pas eu de menstruations depuis 3 à 6 mois et qui souffrent vraiment de leurs bouffées de chaleur. On n'a pas à attendre douze mois après l'arrêt des règles pour prescrire l'hormonothérapie,» explique la Dre Desindes.

3. Est-ce efficace? «C'est la façon la plus efficace de soulager les symptômes de la ménopause», assure la Dre Moreau. La Société des obstétriciens et des gynécologues du Canada (SOGC) considère d'ailleurs que l'hormonothérapie constitue une option sûre et efficace pour le traitement des symptômes ménopausiques allant de modérés à graves, tels que les bouffés de chaleur, les sueurs nocturnes, les sautes d'humeur, l'insomnie, les troubles de la concentration et la sécheresse vaginale. «L'approche idéale, c'est de commencer avec la plus petite dose et de revoir son médecin 4 ou 5 mois plus tard pour l'ajuster au besoin si les symptômes persistent, soutient la Dre Dodin. Mais il n'y a plus de limite de temps imposée.» Après 5 ans, on peut faire le test d'arrêter les hormones pour voir si les symptômes sont toujours là et évaluer si on poursuit le traitement ou pas.» L'hormonothérapie préserve aussi la densité osseuse et diminue le risque de fractures.

4. Y a-t-il des risques? Ce qui fait peur, c'est l'augmentation du risque de cancer du sein. Mais la SOGC rappelle que toutes les femmes font face à un risque accru en vieillissant. En fait, le cancer du sein est plutôt associé au vieillissement qu'à la ménopause. «En chiffres absolus, ce que nous a appris la grande étude américaine Women's Health Initiative Study (WHI) en 2002, c'est que, sur 10 000 femmes qui ne prenaient pas d'hormones pendant un an, 20 ont eu un cancer du sein, alors que sur 10 000 qui prenaient des hormones, 26 en ont développé un, illustre la Dre Dodin. L'hormonothérapie serait donc responsable de 6 cas de plus de cancer du sein par tranche de 10 000 femmes par année. Il y a une légère augmentation du risque.» Le risque d'augmentation de maladies cardio-vasculaires, lui, varie selon l'âge. «Si on débute l'hormonothérapie tardivement après 60 ans, on augmente son risque d'infarctus, note la Dre Desindes. Mais si on commence le traitement hormonal au début de la ménopause, il n'y a pas d'augmentation du risque.» Il peut y avoir d'autres risques ou contre-indications à l'hormonothérapie selon, entre autres, notre histoire médicale; il faut en discuter avec son médecin.

5. Quelle est la différence entre les hormones classiques et les hormones bio-identiques? Comparativement aux hormones classiques, qui sont fabriquées à partir d'urine de juments enceintes, les hormones bio-identiques sont élaborées à partir de molécules identiques à celles produites par nos ovaires. «Aucune étude n'indique que les hormones bio-identiques sont plus sûres ou plus efficaces que les hormones classiques, dit la Dre Moreau. Ce qui compte, à mon avis, c'est que les femmes choisissent une hormonothérapie qui leur convient et qu'elles peuvent se payer.» En effet, certains produits ne sont pas couverts par le régime public d'assurance médicaments du Québec (RAMQ). Les spécialistes mettent aussi les femmes en garde contre les préparations d'hormones bio-identiques fabriquées sur mesure en pharmacie à partir de bilans sanguins hormonaux. «Ces produits ne sont pas approuvés par Santé Canada, prévient la Dre Moreau. Leur qualité et leur efficacité n'ont pas été étudiées et ces produits coûtent très cher.»

Pour en savoir plus

  • Comprendre la ménopause, par la Dre Anne MacGregor, Modus Vivendi, 2006, 194 p., 9,95$.
  • Être femme à 50 ans, par la Dre Johanne Blais et Nathalie Gascon, Les Intouchables 2007, 222 p., 19,95$.
  • Ménopause, nutrition et santé, 3e édition, par Louise Lambert-Lagacé, Les Éditions de l'Homme, 2010, 200 p., 27,95$.
  • Femmes en santé
  • Mamenopause.ca
  • LeGrandOw.ca (site d'information sur l'atrophie vaginale) 


À LIRE: La ménopause: des aliments pour nous aider

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