Santé
Contrôler et traiter l'incontinence urinaire
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Irrépressible envie d’uriner, fuites involontaires au moindre effort, l’incontinence urinaire pousse plusieurs femmes à restreindre leurs activités. Pourtant, il est possible de contrôler les pertes urinaire.
L'incontinence urinaire reste un sujet d'embarras et de honte pour les personnes qui en souffrent. Pourtant, il est possible de la traiter, de la contrôler et parfois de la guérir. «Les problèmes de contrôle de la vessie ne devraient pas ralentir les personnes atteintes ou les forcer à abandonner certaines activités. Au contraire. Bouger et faire de l'exercice peut même être bénéfique», indique Claudia Brown, physiothérapeute, directrice de la clinique Physio Cabrini et chargée de cours à l'Université McGill.
Décrite comme une perte involontaire d'urine, l'incontinence urinaire touche 33 % des femmes et 16 % des hommes de plus de 40 ans. Les femmes sont deux fois plus affectées en raison de leurs caractéristiques anatomiques, de la grossesse et des changements hormonaux liés à la ménopause. L'accouchement vaginal, la prise de certains médicaments (sédatifs, diurétiques, relaxants musculaires, antidépresseurs, antihypertenseurs, etc.), une chirurgie ou une hypertrophie de la prostate (chez les hommes), la constipation, une chirurgie gynécologique, les infections urinaires à répétition ou un problème de santé chronique, tel que le diabète, sont aussi susceptibles d'entraîner des problèmes d'incontinence.
Les différents types d'incontinence
Selon les causes, on distingue plusieurs types d'incontinence urinaire.
L'incontinence à l'effort (de stress) est la plus courante chez la femme. Elle survient lorsque les muscles du bassin sont affaiblis. Elle se produit lorsqu'on perd de l'urine à cause d'une pression soudaine sur les muscles du bas de l'abdomen comme lorsqu'on tousse, éternue, rit aux éclats ou soulève un poids. La majorité des femmes touchées ont entre 25 et 49 ans.
L'incontinence par impétuosité est une manifestation de la vessie hyperactive. Elle se caractérise par une envie pressante, soudaine et fréquente d'uriner pour une petite quantité, plusieurs fois par jour. Le simple fait de marcher, de penser à uriner ou d'entendre de l'eau couler peut déclencher des pertes d'urine. Elle est due à une contraction involontaire du muscle vésical. Elle affecte surtout les personnes âgées et peut être un signe d'une infection des reins ou de la vessie.
L'incontinence urinaire mixte est généralement une combinaison des symptômes d'incontinence à l'effort et d'incontinence par impétuosité. Près de la moitié des personnes qui ont une vessie hyperactive font aussi de l'incontinence à l'effort.
L'incontinence par débordement (regorgement) est un écoulement constant des urines lorsque la vessie est trop pleine. Elle se traduit par une impression que la vessie n'est jamais vide. Elle peut être causée par un blocage du flux urinaire, des troubles de la prostate, le diabète ou certains médicaments. Elle est la plus fréquente chez l'homme et la plus dangereuse pour la santé. L'urine qui ne s'écoule plus peut entraîner des dommages à la vessie ou aux reins.
L'incontinence fonctionnelle est caractérisée par une maîtrise adéquate de la miction, mais par des difficultés à se rendre à la salle de bain à temps à cause de l'arthrite ou d'autres maladies affectant la mobilité (AVC, Alzheimer, Parkinson, etc.).
Traiter l'incontinence urinaire
Plus on traite précocement l'incontinence urinaire, plus le traitement est efficace, souligne Claudia Brown. La physiothérapeute ajoute qu'il est important de consulter un médecin pour s'assurer qu'il s'agit bien d'incontinence urinaire et que les symptômes ne cachent pas un problème de santé. Une perte d'urine accompagnée de douleurs ou une urine qui change de couleur et d'odeur peuvent, par exemple, être le signe d'une infection urinaire.
Le diagnostic posé, le médecin déterminera le type d'incontinence et proposera un traitement adéquat. «Si le médecin dit qu'il n'y a rien à faire, ce n'est pas la bonne réponse», lance Mme Brown.
Modifier son alimentation
Parmi les mesures à envisager pour traiter l'incontinence, on note la perte de poids, l'arrêt du tabac et des changements à l'alimentation. Certains aliments acides comme les agrumes, les jus d'agrumes, les édulcorants artificiels, les mets épicés ou ceux contenant de la caféine peuvent irriter la muqueuse de la vessie et la faire se contracter plus souvent. L'alcool stimule également la production d'urine. Les aliments à teneur élevée en fibres sont à privilégier pour prévenir la constipation et éviter la pression sur la vessie. Finalement, les baies sont à conseiller, puisqu'elles contiennent des tanins qui préviennent les infections urinaires.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, réduire sa consommation d'eau n'est pas une solution. Ne pas boire favorise la constipation et risque de rendre l'urine plus concentrée, ce qui irrite la vessie et entraîne des visites plus fréquentes aux toilettes! Une trop grande consommation d'eau peut cependant causer une anomalie du globe vésical et augmenter les envies d'uriner. L'idéal est de boire six à huit verres d'eau par jour.
Rééducation périnéale et exercices de Kegel
Les physiothérapeutes conseillent la rééducation périnéale et les exercices mis au point par l'obstétricien et gynécologue Arnold Kegel pour renforcer les muscles pelviens. Ces exercices renforcent les muscles qui soutiennent la vessie et aident à garder l'urètre bien fermé. Assis ou allongé, il suffit de contracter la région génitale, sans serrer l'abdomen les fesses ou les cuisses, comme si l'on essayait de retenir l'urine ou un tampon. On tient la pause pendant 10 secondes, en respirant normalement, puis on relâche pendant 10 secondes. On répète l'exercice une vingtaine de fois, trois à cinq fois par jour. Ces exercices doivent être exécutés pendant plusieurs semaines pour donner des résultats.
«Auparavant, on expliquait aux femmes d'aller uriner et d'arrêter ou de ralentir le jet, une ou deux fois pendant le processus. C'est bon pour déterminer les bons muscles et apprendre à les contracter, mais on s'est aperçu que les femmes continuaient et que cela pouvait provoquer des problèmes de rétention ou des infections urinaires», prévient Claudia Brown.
Les exercices de Kegel sont efficaces pour la majorité des types d'incontinence, à l'exception de l'incontinence totale causée par un accident, des lésions ou une maladie chronique. Selon les études, 40 % à 75 % des femmes voient une amélioration de leur contrôle urinaire, rapporte Claudia Brown.
Biofeedback et électrostimulation
Le biofeedback ou rétroaction biologique aide à visualiser les contractions musculaires sur un écran. Les patients apprennent plus rapidement à contracter ou à relâcher sélectivement les muscles du plancher pelvien, souligne Mme Brown. La stimulation électrique fonctionnelle ou électrostimulation utilise des courants électriques pour stimuler la contraction musculaire. La technique comporte des contre-indications, notamment pour les porteuses de stimulateur cardiaque, et son absence de danger n'a pas été prouvée chez la femme enceinte.
L'entraînement de la vessie?
Les personnes incontinentes peuvent entraîner leur vessie en commençant par éviter les visites préventives aux toilettes. Normalement, une personne devrait uriner cinq à huit fois par jour, avec des plages de deux à trois heures entre chaque arrêt au cabinet, indique Claudia Brown. Celles qui y vont plus souvent devraient noter les moments où elles vont uriner, ainsi que ce qu'elles mangent et boivent pour déterminer les aliments et boissons à éviter.
Certaines personnes atteintes d'incontinence par impétuosité peuvent apprendre à prolonger les périodes séparant deux besoins pressants d'uriner. Au début, elles déterminent des moments pour uriner, par exemple aux 30 minutes, qu'elles aient ou non envie d'uriner. Elles augmentent ensuite cet intervalle pour en arriver à uriner toutes les trois ou quatre heures. Cet entraînement de la vessie peut nécessiter de 3 à 12 semaines.
Médication et chirurgie
Les médicaments peuvent aider à détendre les muscles de la vessie et à diminuer le besoin d'uriner. Certaines femmes ménopausées qui souffrent d'une légère incontinence d'effort auront de bons résultats avec une crème vaginale à base d'oestrogènes. L'oxybutynine et les médicaments du même type peuvent être pris pour l'incontinence par impétuosité et en cas de miction trop fréquente. Ces médicaments se prennent habituellement par voie orale.
La chirurgie peut être une option chez les patients dont l'incontinence urinaire est sévère. Mais comme toute intervention elle comporte des risques et le succès n'est pas assuré, souligne Claudia Brown. La chirurgie consiste généralement à restaurer le support de la base de la vessie et de l'urètre. Le taux de succès varie de 60 % à 90 %.
Le saviez-vous?
L’incontinence urinaire chronique accroît le risque d’infections urinaires à répétition. Elle peut aussi causer des rougeurs de la peau qui entoure les parties génitales.
Lire aussi: L'incontinence fécale chez les enfants et La douleur pelvienne chez l'homme: un mal incompris.
Références
L'incontinence urinaire - embarrassante, mais traitable, Collège des médecins de famille du Canada (consulté le 4 octobre 2011).
Diseases and Conditions - Urinary incontinence, Aetna Intelihealth (consulté le 4 octobre 2011).
L'incontinence, brisons le silence, Institut universitaire de gériatrie de Montréal, 2009.