Nutrition
Ce que mangent les Québécois au souper
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Que se passe-t-il dans la cuisine des familles québécoises à l'heure du souper? C'est ce que le projet Tout le monde à table a voulu savoir.
D'octobre 2010 à juin 2011, les nutritionnistes d'Extenso, le portail Web du Centre de référence en nutrition de l'Université de Montréal, se sont invitées à notre table pour connaître nos comportements alimentaires. Pour cela, la caravane de Tout le monde à table a sillonné la province et écouté ce que parents et enfants avaient à dire sur leur réalité entourant les repas. Des données ont aussi été recueillies auprès de parents d'enfants fréquentant les CPE et via le site toutlemondeatable.org.
10 résultats qui en disent long sur nos habitudes
1. Dernière minute! À 17 h, 44 % des parents ne savent pas ce qu'il y aura au menu pour souper et ce, trois fois ou plus par semaine. Que font-ils alors?
- 38 % improvisent avec ce qu'il y a au frigo;
- 24 % vont au resto, font livrer un repas ou s'en remettent aux plats préparés du commerce;
- 21 % font un détour par l'épicerie pour acheter de quoi cuisiner;
- 12 % se dépannent avec des toasts, des céréales ou tout autre repas simple.
2. Pas le temps! Pour 35 % des parents, le manque de temps est le principal obstacle. Parmi les autres raisons invoquées, il y a aussi: le coût des aliments et un budget limité, le manque d'inspiration, les goûts et caprices de la tablée, les horaires liés aux activités et au travail, l'insuffisance des connaissances culinaires et l'absence de planification et d'organisation.
3. Au secours! Le plus gros problème, selon les parents consultés? La mauvaise planification, avec 28 % des réponses. Il y a aussi le manque de temps (encore) et le fait d'être à la course (21 %), les plats ratés (20 %), les enfants turbulents (18 %) et les dérangements et petits dégâts (16 %).
4. Différence hommes-femmes. Monsieur opte plus souvent pour un repas de l'extérieur, tandis que Madame a tendance à se débrouiller avec ce qu'elle a sous la main. Ce qui fait dire aux nutritionnistes d'Extenso que la responsabilité de la planification des repas incombe encore surtout aux femmes.
5. Le scénario idéal? Pour 35 % des répondants, ce serait d'avoir de la compagnie ou de l'aide pour mitonner de bons petits plats. Cela dit, 32 % aimeraient, au contraire, être seuls. Traduction: ils voudraient avoir la paix, sans enfants tannants et affamés qui rôdent autour! Avoir plus de temps et mieux planifier sont aussi des souhaits mentionnés.
6. Manger en famille, on aime ça! C'est important pour plus de 8 parents sur 10. Mais seulement 51 % des familles parviennent à asseoir tout le monde à table, sans la télévision, alors que 14 % mangent avec une partie de la famille.
7. Pour qu'un repas en famille soit agréable, il faut...
- que l'harmonie règne (39 %);
- que toute la famille soit présente (33 %);
- qu'il y ait une bonne ambiance avec du calme, du vin ou de la musique (24 %);
- qu'on puisse prendre son temps (17 %);
- que la télévision et les ordinateurs soient fermés (16 %). Il semble cependant y avoir loin de la coupe aux lèvres, puisque les réponses des parents à l'étude laissent croire que l'ambiance est souvent désagréable, tendue et bruyante.
8. Petits cuistots à la rescousse. Comment les enfants aident-ils leurs parents dans la cuisine?
- 38 % mettent la table;
- 34 % aident à préparer les repas;
- 13 % s'occupent de la vaisselle;
- 6 % nettoient ou débarrassent la table;
- 1 % servent à table.
Et les autres? Ils ne font rien. Par ailleurs, 56 % des jeunes affirment cuisiner peu souvent avec leurs parents. Commentaire des nutritionnistes d'Extenso: «Faire participer davantage les enfants à la préparation des repas leur permettrait de développer des habiletés culinaires et un intérêt pour une saine alimentation.»
9. Quand les enfants mettent la main à la pâte... Ils cuisinent surtout des desserts et des biscuits (36 %). Viennent ensuite les pâtes, le petit-déjeuner et les muffins.
10. Quel aliment les enfants apporteraient-ils sur une île déserte? Des pâtes, à 23 %! Fait surprenant (et réjouissant), les fruits et légumes arrivent en deuxième position, avec 17 %, avant la pizza, les friandises et les desserts.
4 questions à Nathalie Jobin, nutritionniste responsable du projet
1. Pourquoi avoir fait cette étude?
Nous connaissions bien le contenu de l'assiette des familles québécoises, mais nous ne savions pas ce qui se passe autour de la table. Or, les 3 P (planification, préparation et partage des repas) ont une grande influence sur la qualité nutritionnelle des repas.
2. Quelles sont les belles découvertes de cette étude?
Il y en a deux. D'abord, les enfants aiment cuisiner: 79 % d'entre eux souhaitent cuisiner davantage avec leurs parents. La seconde, c'est que 82 % des parents trouvent important de manger en famille.
3. Et les mauvaises nouvelles?
La télévision s'invite à la table de 34 % des familles. Et plus de 45 % des enfants disent que la télévision ou l'ordinateur sont présents aux repas. C'est inquiétant, car le repas n'est alors plus l'occasion de discuter en famille ni un moment d'éducation alimentaire. Il ressort aussi de l'étude que le manque de temps est un problème répandu. Cela dit, les parents ne semblent pas réaliser que le manque de planification est une des causes majeures du manque de temps. Une meilleure planification leur ferait gagner du temps et leur permettrait de mettre plus de variété dans leurs menus.
4. Quelles mesures prévoyez-vous prendre à la lumière de cette étude?
Mettre l'accent sur les bienfaits et le plaisir de manger en famille. Cela doit devenir une priorité, car les gens trouvent toujours du temps pour leurs priorités! Différents moyens sont envisagés, comme la tenue d'une campagne de communication et la création d'outils pour simplifier la préparation des repas et aider les familles à mieux les planifier
Nous avons sondé notre communauté Facebook pour connaître les plats qui reviennent le plus souvent sur nos tables. Découvrez-les ici.
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