Forme
De l'exercice physique pour un cerveau en forme
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La pratique régulière de l’exercice physique active les neurones, améliore la mémoire et aide à combattre la démence. Un véritable entraînement pour le cerveau!
Notre style de vie ne profiterait pas seulement à notre cœur, nos os et notre système vasculaire; notre cerveau en bénéficierait aussi. Depuis une dizaine d'années, un certain nombre d'études ont démontré qu'une activité physique énergique et soutenue améliore la mémoire et la concentration, agit sur l'humeur comme un antidépresseur, stimule les fonctions cognitives et modifie la structure du cerveau en créant de nouveaux neurones.
Formation de nouveaux neurones
«En faisant de l'exercice physique, on améliore sa circulation sanguine, et cette augmentation du débit sanguin fournit au cerveau un meilleur apport en oxygène et en nutriments, explique Aldanie Rho, assistante de recherche au Programme d'évaluation, d'intervention et de prévention des psychoses (PEPP-Montréal). Si les exercices sont effectués de manière régulière, l'afflux sanguin entraîne la formation de nouveaux capillaires, ce qui vient irriguer davantage le cerveau.»
L'activité physique agirait aussi sur la structure même du cerveau en favorisant la formation de cellules nerveuses (neurones) et d'interconnexions entre elles. «Quand on fait beaucoup d'exercice, on sollicite davantage certaines zones du cerveau. Celles-ci doivent, en quelque sorte, répondre à la demande en créant de nouveaux neurones et de nouveaux vaisseaux sanguins», précise Aldanie Rho.
Ces conclusions proviennent d'études menées sur des souris par des chercheurs du Howard Hughes Medical Institute, aux États-Unis. Ils ont observé que le cerveau des souris entraînées avait 2,5 fois plus de cellules nerveuses que celui des souris sédentaires. Les connexions entre les cellules avaient aussi significativement augmenté. Les souris entraînées avaient un cerveau plus alerte et plus efficace et trouvaient plus rapidement leur chemin dans le test du labyrinthe.
Amélioration de la mémoire
L'accroissement de l'apport en sang oxygéné dans le cerveau, augmentation qui peut atteindre 30%, aurait pour effet d'améliorer la mémoire à court terme, la faculté de décision et la capacité de mener plusieurs tâches de front, selon une étude du Dr Peter Seraganian, de l'Université Concordia. Le chercheur constate aussi que les personnes physiquement actives démontrent une plus grande capacité de concentration lorsqu'elles ont des problèmes abstraits à résoudre.
Une hypothèse veut que les exercices physiques rythmés, comme la marche, la natation ou le jogging, favorisent la synchronisation des ondes cérébrales des deux hémisphères du cerveau. En observant le tracé d'un électroencéphalogramme (mesure de l'activité électrique du cerveau), des chercheurs ont noté que ces exercices augmentaient l'activité des ondes alpha dans le cerveau. Ces ondes sont associées à un état de détente profonde semblable à celui ressenti par les adeptes de la méditation ou du yoga. Pendant l'exercice, la pensée rationnelle du côté gauche se joindrait à la pensée intuitive du côté droit, ce qui nous permettrait d'avoir les idées plus claires. Une découverte qui devra être validée par d'autres études.
Ces effets de l'exercice seraient attribuables à une plus grande production de dopamine, un neurotransmetteur qui stimule la zone du plaisir du cerveau et qui provoque un effet euphorisant bien connu des coureurs de longues distances. Cet acide aminé est en outre une molécule messagère essentielle à la mémoire à court terme, ou mémoire de travail. Une étude réalisée par le Dr Torkel Klingberg, de l'Institut de Karolinska, en Suède, révèle qu'il ne faut que quelques semaines d'entraînement intensif pour améliorer cette dernière.
Prévenir la maladie d'Alzheimer et combattre la démence
L'exercice physique permettrait aussi à notre cerveau de combattre plus efficacement la maladie d'Alzheimer et la démence. Au Canada, l'étude prospective Canadian study of health and aging a démontré que plus l'exercice physique est intense et fréquent, moins le risque de contracter la maladie d'Alzheimer ou un autre type de démence est élevé.
Dans son livre Ma stratégie anti-Alzheimer, le Dr Marwan Sabbagh avance quelques hypothèses pour expliquer comment l'exercice peut modifier le cerveau. Tout d'abord, selon lui, l'activité physique régulariserait le traitement de la protéine précurseur amyloïde (APP) et empêcherait la production de la protéine toxique, laquelle vient scinder l'APP en fragments qui s'agglutinent pour former les plaques responsables de la destruction des neurones chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.
Selon sa seconde hypothèse, l'exercice physique accroîtrait l'activité du facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF), une substance chimique qui assure la croissance et la survie des neurones en développement et améliore la communication entre eux.
Ces découvertes laissent croire que l'exercice agit de manière spécifique contre la maladie d'Alzheimer.
L'effet antidépresseur de l'exercice
L'activité physique agirait, selon certaines études, sur les symptômes d'anxiété et de dépression en stimulant la production de la sérotonine, un neurotransmetteur qui influence les zones cérébrales contrôlant l'humeur. Les personnes déprimées ont un taux de sérotonine anormalement bas. L'exercice aurait le même impact sur la réduction des symptômes de la dépression que les antidépresseurs.
Aldanie Rho fait preuve de plus de retenue. «Si la personne ne veut plus rien faire, l'exercice peut l'amener à adopter une nouvelle hygiène de vie qui ne peut qu'être bénéfique pour sa santé mentale. Mais je crois qu'il faut être prudent. Les endorphines peuvent procurer un effet relaxant et une sensation de bien-être après quelques minutes d'exercice, mais elles n'arriveront pas à sortir quelqu'un d'une grave dépression», prévient-elle, en précisant que les personnes physiquement actives sont en général moins anxieuses et supportent mieux les situations de stress que celles qui sont plus sédentaires.