Travail
La génération Y et le parent-hélicoptère
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Exigeant et chouchouté, l’enfant-roi a fait une entrée remarquée sur le marché du travail avec, jamais loin derrière, un parent toujours prêt à le seconder. Peut-être trop.
Les enfants de la génération Y (nés entre 1978 et 1994) ont eu ce que Josée Garceau, spécialiste en recrutement, appelle des parents-hélicoptères. «Ces parents ont volé au-dessus d'eux pour les protéger et assumer les coups et les coûts à leur place», explique-t-elle. Comme les enfants de la génération Y ont été élevés dans un milieu où tout le monde gagnait, ils ne sont pas habitués à perdre. Quand ils vivent leurs premières grosses déceptions, ils peuvent donc avoir des réactions démesurées et avoir du mal à s'en remettre. «Si on te dit que tu es formidable quand tu es le dernier de la classe, qu'est-ce qui va t'encourager à être meilleur?» questionne Mme Garceau.
L'enfant-roi devenu grand
Le plus épatant dans tout ça, c'est que le parent-hélicoptère est demeuré un parent-hélicoptère même après que son enfant est devenu adulte. «J'ai vu des parents aller porter eux-mêmes le CV de leur enfant dans les entreprises ou appeler des patrons pour leur dire qu'ils n'avaient pas agi correctement envers leur précieuse progéniture», rapporte Mme Garceau, découragée. Cette dernière soutient même avoir vu, en 25 ans de travail dans le milieu universitaire, des tonnes de parents inscrire leurs enfants à l'université à leur place.
Pour différentes raisons, les parents de la génération Y ont cru bon de ne jamais laisser leur enfant seul. «Il fallait lui montrer qu'on l'aimait, lui organiser des jeux et des activités supervisées, lui fabriquer un cadre... C'est une génération qui a connu les play dates, les jeux éducatifs et le besoin de performer.» Selon la spécialiste, c'est ce qui fait que les jeunes travailleurs d'aujourd'hui ont besoin de retrouver le plaisir de jouer en groupe et une personne pour les encadrer.
Les X, Y... et Z
Les Y sont nés dans des familles d'un enfant et demi. Facile alors pour les parents de suivre les moindres gestes de leur progéniture. La génération qui suit, les Z (nés après 1994), aura été élevée avec davantage de frères et sœurs. «Les parents peuvent moins se permettre d'être hélicoptères quand ils ont trois enfants, soutient Josée Garceau. Si le parent du Y était son cheerleader personnel, le parent du Z sera plus participatif. Plutôt que d'admirer son enfant dans ses activités, il y participera avec lui.» Plutôt que de rendre leurs enfants habiles dans cinq ou six disciplines, les parents de la génération Z auront davantage tendance à leur faire choisir une seule chose. «Les parents des Y allaient assister aux pratiques de soccer. Le parent du Z va jouer au soccer avec son enfant, pour pouvoir apprécier le temps passé ensemble», conclut Mme Garceau.