Psychologie

Pourquoi je garde tout?

Pourquoi je garde tout?

Shutterstock Photographe : Shutterstock Auteur : Coup de Pouce

«Je possède depuis 30 ans un pichet à eau et des verres ayant appartenu à ma grand-mère, raconte Kim. Ils sont rangés dans une boîte au fond d'un placard. Je n'ouvre jamais cette boîte, mais elle me suit d'un logement à l'autre depuis toutes ces années. J'hésite à m'en défaire, même si, bien franchement, je trouve ce pichet plutôt laid.»

Ce scénario est familier à Sophie Legault, coach de vie spécialisée dans le désordre et auteure de Vaincre le désordre dans sa tête et dans sa maison (Publistar, 2013). «J'ai vu des gens conserver des caisses de notes de cours, le lit de bébé d'un enfant maintenant adolescent, tous les dessins de leurs enfants. Une femme gardait même le cure-dents utilisé par son amoureux la première fois qu'ils sont sortis ensemble.»

S'il est difficile de se défaire de certains objets, c'est qu'ils font ressurgir des émotions qui nous ramènent à notre passé ou à un proche disparu. Ce sont des traces de vie, des symboles dotés d'une charge émotive. «L'objet et les sentiments se confondent, indique la psychologue Marie-Claude Pélissier. La plupart du temps, on n'est pas attaché à l'objet lui-même, mais à l'histoire autour de cet objet.»

Par exemple, les notes de cours sont des preuves tangibles de nos réalisations, du fait qu'on a bûché; elles nous replongent aussi dans notre jeunesse et nos années d'insouciance. Les vêtements trop petits ou trop grands qu'on garde en vain depuis des années nous rappellent le temps où on se sentait mieux dans notre peau, plus séduisante peut-être. L'assiette décorative héritée de notre tante évoque combien celle-ci a compté pour nous. Toutes ces choses, on les accumule pour revivre des émotions et se remémorer des moments forts de notre vie ou des gens qu'on a aimés.

Un pas à la fois

Il n'y a rien de mal à conserver des souvenirs, bien sûr, mais en quantité raisonnable. Une boîte de bricolages de notre enfant, ça va, mais dix, c'est trop! Les armoires et les garde-robes sont pleins à craquer? Des objets inutiles encombrent toutes les pièces? On a de la difficulté à retrouver nos choses? On manque d'espace? On étouffe sous le poids du passé? Quand notre bazar nous nuit, il est temps de le réduire.

Comme il s'agit d'objets auxquels on accorde une valeur sentimentale, Sylvie Legault propose d'y aller graduellement: une boîte, un tiroir, une tablette à la fois. «Pour s'exercer, on peut commencer par un espace de rangement plus neutre où on est moins susceptible de trouver des souvenirs qui nous chavirent le coeur», dit-elle. Au fil du tri, on constatera qu'il est facile de se départir de certaines choses qui avaient autrefois une signification particulière pour nous. Nos notes de cours? Au recyclage! Les photos de notre ex? À la poubelle! Pourquoi ai-je gardé ça? C'est donc bien laid! J'en ai une dizaine! Autant de réactions qui donnent le signal qu'on est passée à autre chose.

Cependant, quand on n'a pas encore fait le deuil d'une personne, d'un moment, d'une époque, il est plus ardu de se séparer des objets qui les évoquent, même si on en a beaucoup trop. «Notre capacité de faire le tri dépend de notre degré d'acceptation de la perte, souligne Marie-Claude Pélissier. Si ça nous déchire le coeur, on peut se donner un délai. Dans six mois, un an, cinq ans, ce sera peut-être plus facile.» On peut aussi répertorier tout de même nos souvenirs et tenter d'en éliminer quelques-uns.

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