Psychologie
Mon plaisir coupable
« J'ai un ado de 14 ans qui boit à même le contenant de lait. Évidemment, quand je le surprends, je me fais un devoir de lui tomber sur la tomate... Je lui parle de respect, de salubrité, de vie en communauté. Mais quand je suis toute seule, j'adore boire à même le carton. C'est comme si je m'injectais une dose de liberté.»
Estelle, 49 ans
«Marcher avec mes souliers de course dans la maison, pour le simple plaisir de ne pas me pencher pour les enlever! Quand je sais que la corvée de ménage approche et qu'il n'y a pas de témoin, je peux même le faire avec mes bottes. Pour moi, c'est la délinquance extrême. Bien sûr, je ne l'avouerais jamais à mon chum, qui, lui, sait très bien qu'il doit enlever ses chaussures sans exception!» Jannik, 46 ans
«Me payer un dessert cochon, toute seule, avant de me mettre au régime! Je sais que c'est pire que tout, mais celui-là, le dernier, il est tellement bon...»
Sylvie, 37 ans
«Écouter les conversations de mes voisins de table au restaurant. Même lors d'un tête-à-tête, il m'est difficile de résister. En fait, il est encore plus probable que je tende l'oreille, parce qu'on entend mieux dans une ambiance feutrée!»
Lise-Anne, 35 ans
«Manger du fromage. Le munster, le Victor et Berthold, le D'Iberville, le Riopelle de l'Isle, le Pied-De-Vent, le Stilton bleu... je salive juste d'en parler! Je surveille mon alimentation et je m'entraîne de façon assez intensive. Je perds du poids. Je m'interdis les desserts, la bière, les excès de pain ou de pâtes. Mais les fromages... Ces chefs-d'œuvre gastronomiques me font immédiatement oublier tous les efforts fournis et toutes mes douleurs musculaires. Le summum? Glisser mon doigt dans un brie de Meaux qui s'est affaissé à la température ambiante...»
Mylène, 30 ans
«Manger du Kraft Dinner avec une boîte de champignons et de la saucisse à hot-dog coupée en dés. En soi, ce n'est pas la fin du monde. Sauf que je suis nutritionniste!»
Annie, 36 ans
«Je suis une excellente cuisinière, mais j'adore manger du ragoût de boulettes en boîte Cordon Bleu. Même si tout le monde trouve ça dégoûtant, moi, j'adore! Et comme il y en a encore sur les tablettes, je déduis que je ne suis pas la seule à en manger.» Sylvie-Anne, 40 ans «Boire un verre de vin rouge au lit, en lisant, et m'endormir sans me brosser les dents.»
Mélanie, 32 ans
«Je suis actuaire, et mes journées sont fort sérieuses. Pourtant, j'adore discuter de la situation familiale ou amoureuse des artistes, comme si je les connaissais. Je ne m'adonne à cette pratique qu'avec une seule de mes amies, qui, elle, n'a pas honte de lire tous les magazines à potins! Chez elle, c'est comme la caverne d'Ali Baba: il y a des piles de magazines partout!»
Christina, 39 ans
«Au volant, écouter Lionel Richie et Diana Ross dans ce qu'ils ont fait de plus mielleux, et chanter à tue-tête avec émotion.» Emmanuelle, 30 ans «Fumer! Je ne suis pas une mordue du tabac, mais, avec un verre et une bonne amie, j'aime bien en griller une de temps en temps. Les regards qu'on me lance font toutefois en sorte que l'aspect "coupable" prend le pas sur l'aspect "plaisir"!» Josée, 41 ans«Lire. Je viens d'un milieu où c'était vu comme une perte de temps. Si je m'assoyais pour le faire, ma mère intervenait et me donnait une tâche à exécuter. Je ne pouvais lire que lorsque toutes les tâches étaient terminées, et elle me disait alors que je devais aller jouer dehors. Aujourd'hui, il m'est difficile de m'installer pour lire sans d'abord passer en revue tout ce qui devrait être fait dans la maison. Et lorsque la maison est impeccable, j'entends la voix de ma mère qui me dit d'aller jouer dehors...»
Jocelyne, 48 ans
«Écouter un film quand il fait beau dehors.»
Sonia, 38 ans
«Dormir jusqu'à midi le samedi.»
Marie-Julie, 30 ans
«Écouter des émissions insignifiantes tard le soir, au lit, sachant très bien que ma fatigue en sera décuplée le lendemain. Ou m'asseoir pour feuilleter les circulaires du Publisac, alors que je vais manquer de temps pour régler ma paperasse importante.»
Lucie, 45 ans
«M'acheter des chaussures alors que mes placards en sont remplis! Pourquoi, dans les évaluations salariales, ce besoin typiquement féminin n'est-il jamais pris en compte par les ressources humaines?»
Amélie, 33 ans
«Quand je finis de travailler plus tôt que d'habitude et que ma belle-mère garde mon bébé, au lieu d'aller chercher ma plus grande à l'école tout de suite, je joue un peu sur l'ordinateur ou j'écoute un téléroman d'après-midi, SEULE dans la maison. Je ne le dis à personne.»
Nathalie, 41 ans
«Examiner les autres de la tête aux pieds. Je sais, c'est terrible! Mais je profite de tous leurs moments d'inattention pour m'attarder à chaque détail. Même quand c'est quelqu'un que j'aime! Au fond, je ne sais pas pourquoi on ne peut se permettre de faire ça avec les gens: on le fait bien avec les œuvres d'art!»
Sasha, 38 ans
«Écouter le canal TLC et me délecter d'images de gens atrophiés avec une jambe de 75 kilos ou affligés d'une tumeur qui les défigure complètement. Également, regarder l'émission de téléréalité Qui perd gagne en mangeant des chips sur mon divan.» Sabrina, 25 ans
«Manger du fast-food. Malgré mon éducation et tout ce qu'on sait sur les maladies cardiovasculaires, les dangers du cholestérol et les autres problèmes associés au gras et aux calories vides, j'aime encore m'arrêter pour un beigne ou un hamburger-frites. Mais c'est de plus en plus difficile à assumer. Au travail, quand je sors pour dîner, je ne dis jamais où je vais à mes patrons, de peur d'être mal jugée. Parmi mes collègues, j'ai une seule amie qui fréquente les restos de fast-food, et, ma foi, on y va en cachette! Il me manque, le temps où on pouvait mal manger en paix!»
Hélène, 52 ans
«Permettre aux enfants d'aller au lit sans bain! J'ai deux petits que je dois laver et une préado que je dois convaincre. Une fois cette étape éliminée, c'est comme si je venais soudainement de gagner des heures! Alors, une fois de temps en temps, on "passe go" et on réclame du temps! Je me réconforte chaque fois que je lis que trop de savon nuit à l'équilibre naturel de la peau. On s'encourage comme on peut!»
Pascale, 38 ans
«Ne pas aider à débarrasser quand je suis en visite. S'il y a une grande tablée, j'en profite pour faire partie d'une conversation en souhaitant que mon inertie passe inaperçue. C'est tellement rare que je peux traîner à table après le repas!»
Marie-Anik, 37 ans
«Écornifler. Je suis éduquée, j'ai un job passionnant dans un gros bureau d'avocats et je siège sur deux conseils d'administration d'importantes sociétés. Mais j'ai gardé un côté très "mémère" que personne ne soupçonne. Jamais je ne l'avouerais, mais, au bureau, je ralentis parfois dans les corridors pour écouter aux portes et, à la maison, je regarde mes voisins d'en face discrètement à travers les lattes du store.»
Sylvie, 41 ans
«Crier dans une foule, à la Saint-Jean par exemple. Ça me défoule. Après, je me sens si bien! Dans la vie, je suis calme et posée.»
Elisabeth, 27 ans
«Les trucs d'horoscope, de voyantes, de prédictions. Je dépense même de l'argent pour ça! Mon intellect comprend qu'il ne s'agit que d'une façon vaine de tenter de se rassurer, mais mes tripes, elles, ne comprennent pas ça du tout. J'ai bien tenté d'en faire un plaisir solitaire, pour qu'au moins personne ne soit au courant... mais j'ai réalisé que le vrai bonheur, c'est de perdre son temps à discuter pendant des heures d'un avenir potentiel - et sans doute improbable - avec une amie.»
Louise, 39 ans
«Je suis professeure d'université, je travaille beaucoup, et je viens d'une grande famille qui a connu son lot de malheurs récemment. Alors, parfois, je quitte la maison, je ne me pointe pas au bureau, je pars en ville et je m'évade. Téléphone fermé, je fais du shopping, je m'arrête dans des cafés chic, je prends un deuxième cappuccino et j'observe les gens dans leur va-et-vient respectif. J'échappe à toutes mes responsabilités, sans le dire à personne. D'une certaine façon, un plaisir coupable est une résistance, une façon saine de reprendre du pouvoir sur sa propre vie.»
Sarah, 38 ans
«Sortir marcher avec mon mari, le soir, et regarder dans les maisons. L'hiver, alors qu'il fait noir tôt, on voit très bien à l'intérieur. Ça rend mon mari complètement dingue, mais je ne peux pas m'en empêcher!»
Denyse, 47 ans
«J'adore dormir avec un pyjama en flanelle dont le tissu sur les genoux et les fesses est tout usé... Comme je suis une femme assez sophistiquée et que j'ai de bons moyens financiers, tout le monde croit que je dors dans des chemises de nuit hors de prix. Pas du tout! Et puis je dors avec des bas! Mais mon homme m'aime quand même.»
Dominique, 50 ans
«Le samedi, je dis à mon mari que je dois aller faire des courses. Je prends un air piteux, en m'assurant qu'il garde un œil sur les enfants, puis je pars m'atteler à la tâche. Pas toujours vrai! Il m'arrive de me diriger dans une banlieue voisine, pour être certaine de ne croiser personne que je connais, et de m'engouffrer dans la "patate" la plus commune pour me taper une grosse poutine extra fromage en lisant les faits divers d'un journal populaire.»
Annie-Claude, 36 ans
«Il m'arrive de faire semblant d'être grippée et de ne pas rentrer travailler. J'en profite pour regarder Les Feux de l'amour en mangeant des chips sel et vinaigre. D'une fois à l'autre, l'intrigue n'a pas évolué. J'adoooore ça!»
Danielle, 46 ans
«Je ne résiste généralement pas à un film adapté d'un roman de Danielle Steel. Quétaine à l'os, mais génial pour se mettre le cerveau en mode "écureuil".»
L., 45 ans
«Je suis séparée depuis un an, mais mon ex et moi vivons encore sous le même toit avec nos enfants. Ma vie sexuelle est donc au point mort depuis longtemps. Un soir que j'étais venue seule à Montréal, je me suis rendue dans un club échangiste pour vivre une aventure d'un soir. Je suis tombée sur un G.O. super charmant, souriant, très agréable. Quel délice!»
Nathalie, 41 ans
«Quand je suis triste, je me fais pour souper un bol de soupane, le gruau de mon enfance. Ça me réconforte. Ce qui me culpabilise, c'est la quantité de crème et de cassonade que j'y ajoute.»
Paule, 55 ans
«Manger un bon sundae aux fraises fraîches... Cela vient peut-être du fait que ma mère en mangeait sans arrêt lorsqu'elle était enceinte de moi. Récemment, j'ai subi un test de dépistage du cancer du sein, qui s'est avéré positif. Les médecins ont investigué davantage, et, dans l'attente des résultats finaux, j'ai senti que ma vie me glissait sous les pieds. Finalement, quand j'ai eu la bonne nouvelle - pas de cancer -, mon époux m'a demandé ce qui me ferait plaisir: nous sommes allés au Dairy Queen en famille!»
Anne, 48 ans