Psychologie
J'ai changé de carrière à 40 ans
Bruno Petrozza/TVA Publications Photographe : Bruno Petrozza/TVA Publications
À 40 ans, Yasmina prend un virage professionnel en retournant aux études pour devenir éducatrice. Portrait d'une quadragénaire inspirante.
Née en Belgique d'une mère belge et d'un père marocain, Yasmina Daha, détentrice d'un diplôme en littérature et d'un second en muséologie, vient d'entreprendre un changement de carrière. Majeur, le changement: elle deviendra bientôt éducatrice. En septembre dernier, elle est retournée sur les bancs du cégep, celui du Vieux-Montréal. «Je me suis demandé: "Est-ce que je peux faire ça? Je ne voulais pas passer pour la ‘matante' de service..."»
Elle l'a fait. Le jour de la rentrée scolaire, elle avoue qu'elle était fébrile... mais pas stressée. Il faut dire que la mère de deux jeunes enfants a vécu une trentaine agitée, avec des hauts et des bas. Et bien des revirements. Partie en 2005 dans le Nord ontarien pour suivre l'élu de son coeur, Yasmina est rentrée un an plus tard, le coeur en miettes. À 30 ans, sans logement ni emploi, elle repartait à zéro. «J'étais décomposée, raconte-t-elle. Je suis allée vivre chez ma mère, j'ai fait une thérapie, de la peinture, de grandes marches et des cueillettes de framboises. J'ai mis cinq mois à me reconstruire.»
Indépendante et fonceuse, Yasmina a gravi les échelons d'une maison d'édition. En mars 2013, mise sous pression, débordée et harcelée, elle craque. Et chute. «J'ai fait une dépression majeure, dit-elle. Je n'étais plus capable de jouer avec mes enfants ni de conduire ma voiture.» Appuyée par son amoureux et ses proches, elle émerge de la tempête avec l'envie de revenir aux sources. «Je suis une fille curieuse, qui aime apprendre de nouvelles choses. J'aime éduquer et vulgariser. Et j'ai toujours adoré travailler avec les enfants.»
Aujourd'hui, du lundi au vendredi, Yasmina, côtoie des étudiants dans la vingtaine. Avec eux, elle étudie, travaille et apprend. Le cursus est intense: huit cours par semaine, soit 32 heures passées derrière un pupitre. «Je suis plus posée, plus objective, je relativise mieux», confie-t-elle au sujet de son approche de l'école. Le soir, après le souper et les bains, elle replonge dans ses manuels scolaires.
Des regrets? «Non! s'exclame Yasmina. Je suis très heureuse de ce que je m'offre.» Elle prend une pause et ajoute: «Pour la première fois de ma vie, je fais quelque chose uniquement pour moi. Je suis celle que je veux être et non celle que l'on veut que je sois.
Découvrez quatre autres portraits de femmes qui ont passé le cap des 40 ans chacune à leur façon, mais toutes avec bonheur, dans votre Coup de pouce de Mars 2016 (page. 59)
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