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Comment attirer les oiseaux chez soi

Comment attirer les oiseaux chez soi

Auteur : Coup de Pouce

Pour inviter les oiseaux chez nous, on doit satisfaire au moins un de leurs besoins de base: se nourrir, s'abriter et s'abreuver. Il nous faudra également du temps pour les nourrir, de l'ingéniosité pour les attirer ou pour déjouer les visiteurs importuns et de la patience, car certaines espèces farouches ou rares tardent parfois à se montrer le bout du bec.

 

COMMENT NOURRIR LES OISEAUX
Dans la nature, les oiseaux se nourrissent d'insectes, de graines et de petits fruits qu'ils cherchent patiemment. En installant un poste d'alimentation bien garni, on leur fournit une source fixe de nourriture à laquelle ils peuvent revenir quand bon leur semble.

L'environnement où se trouve la mangeoire, les graines qu'on y met et l'interaction des oiseaux entre eux sont autant de facteurs qui influencent le nombre ou les espèces qui nous rendront visite. Dans un milieu bien pourvu en végétaux matures, l'affluence sera plus intense que dans un milieu pauvre en arbres ou en arbustes. Si la nourriture qu'on propose attire de gros oiseaux, ceux-ci peuvent effrayer les petits, qui hésiteront à venir chez nous. Idem si l'environnement grouille de chats errants. Il faut donc observer ce qui se passe et ajuster nos interventions en conséquence.

Quelle mangeoire choisir?
La mangeoire idéale est solide, facile à démonter et à nettoyer, étanche pour garder les graines au sec et assez grande pour être remplie le moins souvent possible. Les mangeoires en plastique sont les moins chères et les moins résistantes (env. 10 $). Le bois est sensible à l'humidité et se dégrade en quelques années (env. 40 $). Les modèles en métal sont très durables (de 30 $ à 60 $, selon la qualité). Tout est question de préférence et de budget.

Les mangeoires se déclinent essentiellement en quatre modèles.
1. Le plateau. Plaît particulièrement aux gros oiseaux et aux espèces qui s'alimentent en groupe ou qui ont tendance à manger au sol. Il est conseillé de l'utiliser seulement l'hiver, à moins d'aimer les bandes d'oiseaux grégaires (moineaux, quiscale bronzé, étourneau sansonnet, carouge à épaulettes, etc.),qui le videront en un temps record! Autres inconvénients: il ne protège pas la nourriture des intempéries et est facilement accessible aux rongeurs comme l'écureuil. Environ 30 $.
2. La mangeoire à débit contrôlé. Permet d'emmagasiner beaucoup de graines, qui s'écoulent au fur et à mesure des besoins des oiseaux. Sa forme rappelle souvent la maisonnette avec un toit pentu pour protéger les graines de la pluie. Environ 10 $ (plastique), 30 $ (bois) et jusqu'à 50 $ (acier).
3. Le silo. Cette mangeoire tubulaire est conçue pour accueillir surtout de petits oiseaux. On en trouve avec de larges ouvertures, pour accommoder toutes les espèces, ou avec de minuscules fentes, pour les oiseaux qui apprécient les graines de chardon. Enfin, le modèle métallique sans perchoirs et pourvu de minuscules perforations pour le chardon est conçu pour attirer le chardonneret, qui s'y agrippe facilement pour se nourrir. De 10 $ à 35 $, selon le modèle.
4. Les mangeoires sélectives. Pour le cardinal, la mangeoire est munie d'un perchoir qui bascule pour l'ouvrir. Seul le cardinal et les oiseaux de même poids peuvent s'y alimenter (env. 40 $).Pour attirer les pics mineur et chevelu, le geai bleu, la sittelle et la mésange, entre autres, on utilise un treillis métallique cylindrique sans perchoir conçu pour les arachides, dont ils sont friands (env. 15 $). Pour tous les pics, le geai bleu, la sittelle et la mésange, la mangeoire utilisée l'hiver est faite d'un treillis métallique carré dans lequel on insère une brique de suif du commerce ou maison (env.6 $, 2 $ pour le suif).

L'entretien
On nettoie régulièrement les mangeoires (toutes les deux semaines ou plus souvent si elles sont très achalandées) en éliminant les fientes et les graines détrempées et avariées par la pluie ou la neige. À chaque saison, on les démonte pour les nettoyer à l'eau savonneuse et les désinfecter avec une solution d'eau javellisée (une part d'eau de Javel pour neuf parts d'eau).

 Quelles graines offrir aux oiseaux?
Le tournesol noir, la graine la plus nutritive, plaît à la grande majorité des oiseaux. Viennent ensuite le maïs, le millet blanc, l'alpiste, le carthame, le colza et le chardon, qu'on offre dans une mangeoire spéciale pour éviter le gaspillage (c'est une graine dispendieuse).

Les mélanges du commerce sont déconseillés, car ils occasionnent beaucoup de gaspillage: les oiseaux rejettent la plupart des graines, qu'ils n'aiment pas. Par exemple, dans un mélange millet, alpiste et chardon, les chardonnerets jetteront par terre le millet et l'alpiste parce qu'ils préfèrent le chardon.

On peut présenter nos différentes graines dans des mangeoires distinctes ou préparer des mélanges en fonction des goûts des espèces d'oiseaux qu'on aimerait attirer. Selon les saisons, on ajustera notre mélange pour plaire à nos oiseaux favoris ou à ceux qui sont de passage chez nous. On trouve une foule de détails sur les préférences alimentaires des différents oiseaux dans les livres spécialisés.

Quels oiseaux vont venir?
Quelques espèces d'oiseaux fréquemment observées au Québec.
Les résidants (en toutes saisons): cardinal rouge, geai bleu, gros-bec errant, mésange à tête noire, moineau domestique, pic mineur, roselins familier et pourpré, sittelles à poitrine blanche et à poitrine rousse, tourterelle triste.
Les migrateurs (qui viennent passer l'été): bruants chanteur et à gorge blanche, cardinal à poitrine rose, carouge à épaulettes, chardonneret jaune, colibri à gorge rubis, étourneau sansonnet, oriole de Baltimore, quiscale bronzé, vacher à tête brune.
Les visiteurs occasionnels (surtout l'hiver): bruants hudsonien et des neiges, durbec des sapins, junco ardoisé, mésangeai du Canada, sizerin flammé, chardonneret des pins.

Comment abriter les oiseaux

Refuge et garde-manger
Les branches des arbres, conifères, buissons, haies denses et arbustes servent à la fois d'aires de repos, de perchoirs d'où les oiseaux observent le milieu environnant et d'abris où ils se réfugient en cas de danger. Certains y construiront même leur nid. Si on peut ajouter chez nous des arbustes ou des arbres dont les graines et les petits fruits attirent les oiseaux, on fait d'une pierre deux coups en leur fournissant à la fois un abri et de la nourriture. Voici quelques suggestions de végétaux qui , à maturité, attireront des oiseaux granivores et frugivores.
Feuillus: aulne rugueux, bouleau, chêne rouge, érable, frêne d'Amérique, hêtre à grandes feuilles, noisetier, pommetier.
Conifères: épinette blanche, genévrier, if du Canada, mélèze laricin, pins blanc et rouge, pruche du Canada, sapin baumier, thuya (cèdre).
Arbustes à fruits: amélanchier du Canada, aronie noire, aubépine, berbéris du Japon, bleuetier, cerisier, chèvrefeuille, cornouiller, cotonéaster, framboisier, gadellier, houx verticillé, mûrier, olivier de Bohème, sorbier des oiseaux, sureaux blanc, doré et rouge, viorne trilobée (pimbina).

Les nichoirs
La majorité des oiseaux nichent dans les arbres et les arbustes ou tout simplement au sol. La haie de thuyas, par exemple, attire des oiseaux nicheurs comme le cardinal ou le merle d'Amérique. Les nichoirs fabriqués attirent les espèces qui recherchent des cavités pour abriter leur nid. Au Québec, sept espèces fréquentent les nichoirs. En banlieue ou à la campagne, près des boisés ou des cours d'eau, on peut héberger l'hirondelle bicolore, l'hirondelle noire, le merle bleu de l'Est et le troglodyte familier. Les autres espèces nichent partout, même à la ville: la mésange à tête noire, le moineau domestique et l'étourneau sansonnet. Le marché propose un vaste assortiment de nichoirs de prix et de styles variés (à partir de 20 $). Avant d'arrêter notre choix, il faut se renseigner sur les besoins des oiseaux. Voici huit critères à surveiller.

  • Ouverture d'un diamètre approprié à l'espèce qu'on espère accueillir.
  • Sans perchoir, pour empêcher les prédateurs d'y accéder.
  • Bois de qualité résistant à la moisissure (ex.: cèdre); pas de plastique ni de métal, qui emprisonnent la chaleur et favorisent la condensation.
  • Couleur pâle, qui attire moins la chaleur que les teintes foncées.
  • Dimensions intérieures adaptées à l'espèce.
  • Toiture en surplomb de 6 à 10 cm au-dessus de l'entrée pour protéger le nid de la pluie.
  • Présence d'orifices de drainage (aux coins du plancher) et de ventilation (entre le toit et les côtés).
  • Facile à ouvrir pour le nettoyage.
Comment abreuver les oiseaux
Bain d'oiseaux sur pied ou suspendu, section peu profonde d'un bassin d'eau ou simple couvercle de poubelle posé à l'envers au sol: les oiseaux repèrent vite les points d'eau. Ils s'y désaltèrent et y barbotent pour y faire leur toilette. On verse au maximum 2,5 cm d'eau dans le bassin, on ajoute quelques cailloux pour les oiseaux aux pattes courtes, et on change l'eau et on nettoie le bassin au moins deux ou trois fois par semaine. Si possible, on maintient un point d'eau accessible en hiver. Il faudra alors utiliser un chauffe-eau conçu à cette fin ou en fabriquer un: on fixe une douille munie d'une ampoule incandescente de 100 watts au fond d'un pot en terre cuite, on pose la soucoupe sur le pot et on la remplit d'eau. La chaleur dégagée par l'ampoule préviendra le gel.

 

UNE CLASSE À PART: LES COLIBRIS
On peut attirer le colibri à gorge rubis et, plus rarement, l'oriole de Baltimore grâce au nectar des fleurs tubulées: ancolie, cardinale, fuchsia, héliopsis, impatiente royale, lobélie, monarde rouge, entre autres. Si le colibri est courant en banlieue, l'oriole préfère les zones boisées, les clairières, les vergers et les parcs. Il peut être attiré par un quartier d'orange piqué dans une branche, qu'on remplace tous les jours.

Le moyen le plus facile d'attirer ces oiseaux demeure l'abreuvoir d'eau sucrée. Le modèle idéal est de couleur vive: rouge ou rose foncé pour le colibri, orange pour l'oriole. Les modèles équipés de grillages (colibris) ou d'un mécanisme bloquant l'orifice en deçà d'un certain poids (orioles) découragent les abeilles et les guêpes. On suspend l'abreuvoir vers la fin d'avril à un endroit où les fourmis ne pourront pas l'atteindre (ex.: gouttière, corniche, corde à linge), mais facile d'accès pour le nettoyage et le remplissage. On le laisse en place jusqu'à la fin de l'automne pour que ces oiseaux migrateurs puissent emmagasiner des réserves d'énergie suffisantes pour leur long périple vers le Sud.

En ce qui concerne l'eau sucrée, nul besoin d'acheter les mélanges du commerce. La recette est simple: on fait bouillir de l'eau, puis on fait dissoudre une portion de fructose ou de sucre blanc (jamais de miel ni de sirop d'érable) dans quatre portions d'eau bouillie. On brasse bien, on laisse refroidir, on remplit l'abreuvoir au tiers ou au quart, selon le format (pour éviter tout gaspillage), et on réfrigère le reste. Il n'est pas nécessaire de colorer le mélange: c'est la couleur de l'abreuvoir qui les attirera. On nettoie l'abreuvoir à l'eau bouillante (sans savon) et on remplace l'eau sucrée aux trois à cinq jours environ.

 Comment éloigner les prédateurs?

Les chats, les écureuils et les ratons laveurs tentent par tous les moyens d'accéder aux mangeoires et aux nichoirs. Des façons de leur compliquer la vie.

  • Installer nos mangeoires et nichoirs à au moins 2 m de hauteur et 3 m des arbres, arbustes, clôtures et autres endroits d'où les prédateurs pourraient s'élancer.
  • Utiliser un pare-écureuils, disponible en trois modèles: un dôme en plastique à fixer au-dessus d'une mangeoire suspendue, un cylindre ou un cône métalliques pour les empêcher de grimper, à fixer sur le poteau, sous la mangeoire.
  • Pour empêcher les bêtes de grimper, on peut insérer le poteau de notre mangeoire dans un tuyau de 15 cm de diamètre en PVC ou en métal lisse et le badigeonner d'huile.
  • Quelques tactiques anti-chats: clôturer sans laisser d'espace au sol où ils pourraient se faufiler, attacher une clochette à leur collier ou disposer au pied de la mangeoire des branches épineuses (rosier, berbéris, olivier, etc.).

 

Peut-on nuire aux oiseaux en les nourrissant? Deviennent-ils dépendants de nos mangeoires?
Les experts assurent que non. Nos mangeoires sont une source d'alimentation partielle pour les oiseaux. Ils conservent l'instinct qui les pousse à picorer dans la nature. Y a-t-il des inconvénients à nourrir les oiseaux? Il y a bien quelques fientes à nettoyer et la corvée d'entretien des mangeoires, mais le plaisir d'entendre leur chant et d'observer leurs couleurs, leur vol, leurs acrobaties et même leur vie intime, en période de reproduction, surpassent ces quelques inconvénients.

 

Quelle est la meilleure saison pour installer les mangeoires?
L'été, les oiseaux égaient le jardin. Au printemps et à l'automne, on attire les espèces migratrices. L'hiver, on contribue à la survie des oiseaux résidants, qui ont du mal à aller chercher leur repas sous la neige et qui ont besoin d'énergie pour résister aux grands froids et aux tempêtes. C'est aussi un bon moment pour s'initier à l'observation, alors que les arbres sont dépourvus de feuilles. On peut donc nourrir les oiseaux toute l'année ou choisir une saison selon l'espèce qu'on désire observer ou le budget qu'on veut y consacrer, car l'affluence au poste d'alimentation peut rapidement devenir un facteur déterminant: si nos mangeoires sont très fréquentées et qu'il faut les ravitailler plusieurs fois par semaine, cela peut devenir assez coûteux. Par exemple, l'hiver, trois mangeoires à tournesol et deux mangeoires à chardon très fréquentées, en banlieue, peuvent coûter de 50 $ à 70 $ par mois en graines.

 

POUR EN SAVOIR PLUS

  • Attirer les oiseaux chez soi, par Suzanne Brûlotte, Broquet, 2003, 288 p., 24,95 $.
  • Les Oiseaux familiers du Québec, par Suzanne Brûlotte, Broquet, 2001, 144 p., 14,95 $.
  • Attirer les oiseaux aux mangeoires, par Jean Paquin, Michel Quintin, 2002, 248 p., 29,95 $.

 

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