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Allaitement: quand envisager la diète d'exclusion?

Allaitement: quand envisager la diète d'exclusion?

istockphoto.com Photographe : istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

Bébé est allaité exclusivement; pourtant, il se tord de douleur et présente d’importants symptômes digestifs. Pour déterminer si l’alimentation de la mère est en cause, une diète d’exclusion peut être envisagée.

Le nourrisson allaité exclusivement qui développe des symptômes digestifs importants (maux de ventre, vomissements en jet, diarrhée, sang dans les selles) ou cutanés (eczéma, urticaire), qui dort peu et qui est irritable a de quoi alarmer ses parents. «On doit d'abord consulter un médecin, qui fera un examen médical complet pour écarter les autres causes possibles de ces symptômes. On peut également rencontrer une consultante en lactation, qui évaluera si l'état du bébé est dû à un problème d'allaitement qui pourrait être corrigé, comme une mauvaise prise au sein ou un problème de gestion de l'allaitement», affirme Marie-Caroline Bergouignan, consultante en lactation IBCLC.

Parfois, ces symptômes sont dus à une intolérance ou à une réaction allergique du bébé à un aliment consommé par sa mère. Les allergènes alimentaires, comme l'arachide, le bœuf, le lait, le soya et l'œuf, peuvent en effet être excrétés dans le lait maternel et sensibiliser certains bébés. «Pour déterminer si la diète de la mère est responsable des symptômes du nourrisson, on peut recommander une diète d'exclusion, qui consiste à éviter un aliment de deux à quatre semaines, même si une amélioration est observée après quelques jours», explique Dre Marie-Noël Primeau, pédiatre-allergologue à la Clinique d'allergie et d'asthme de Montréal. «On réintroduit ensuite l'aliment suspecté pour confirmer la sensibilisation du bébé, qui présentera à nouveau les symptômes au cours des 24 à 72 heures suivantes.» Puis, pour nous aider à établir des liens entre les aliments ingérés et les symptômes de bébé, on peut tenir un journal alimentaire quotidien. On y note également toutes les réactions de l'enfant.

Pas de modèle unique

La diète d'exclusion n'a pas de modèle unique: certains bébés sont par exemple soulagés après que leur mère ait seulement éliminé les principales sources de produits laitiers, comme le lait, le yogourt et le fromage, tandis que d'autres sont intolérants à la protéine bovine, ce qui demande à la mère d'éliminer tous les aliments contenant des traces de lait de vache (et parfois même de soya, une protéine qui ressemble à celle de la protéine bovine). «La façon de procéder à la diète d'exclusion dépend de plusieurs facteurs, dont la gravité des symptômes de bébé», explique Abigail Brodovitch, nutritionniste et directrice des services de santé et d'éducation chez Allergies Québec.

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S'il est recommandé d'éliminer un allergène à la fois, en commençant par ceux qui sont le plus souvent en cause - les produits laitiers et du soya en tête de liste -, la maman qui voit son bébé souffrir et qui dort peu peut éliminer plusieurs allergènes dès le départ pour trouver plus rapidement l'aliment en cause. «Lorsque plusieurs aliments sont éliminés en même temps, cela devient un régime très restrictif et exigeant pour la mère, qui doit revoir complètement son alimentation et étudier la liste d'ingrédients de chaque aliment qu'elle met dans son assiette», prévient Abigail Brodovitch. Pour faciliter la gestion de la diète, les spécialistes interrogés recommandent donc le suivi d'un professionnel de la santé (médecin, nutritionniste, allergologue, pédiatre). Celui-ci concevra un régime sur mesure, tout en veillant à la réintroduction progressive des aliments par la mère et aux effets sur les symptômes de bébé. Il guidera également la maman tout au long du processus en lui offrant de l'information (recettes, aliments de substitution, ingrédients à éviter, etc.) et du support.

Un obstacle à l'allaitement

L'ampleur de la tâche peut en décourager certaines, qui cesseront d'allaiter pour donner une préparation commerciale hypoallergène pour nourrissons. «Certaines voient la diète d'exclusion comme un obstacle trop important pour poursuivre l'allaitement, tandis que d'autres l'adoptent sans trop de peine, note la consultante en lactation IBCLC. Cela dépend de l'alimentation de la mère à la base, de son ouverture à modifier son régime et de sa motivation à allaiter.»

Il faut aussi dire que des mères se butent parfois à des médecins de famille qui ne possèdent pas les connaissances nécessaires pour recommander une diète d'exclusion, pendant que d'autres patientent sur la liste d'attente d'un spécialiste (l'accès aux allergologues est limité, par exemple). Quoi faire dans ces cas? «Les cliniques d'allaitement ou du nourrisson des CLSC demeurent de bonnes portes d'entrée pour rencontrer rapidement une infirmière ou une nutritionniste», répond Marie-Caroline Bergouignan. On peut également trouver sur le web une consultante en lactation certifiée dans notre région (ibclc.qc.ca). «Le soutien des proches et de la communauté est très important durant cette période parce que les symptômes du bébé ne disparaîtront pas en 24 heures et que la contrainte alimentaire durera toute la période de l'allaitement. Et ce serait dommage que la mère effectue un sevrage précoce non souhaité parce qu'elle est épuisée», conclut Marie-Caroline Bergouignan.

 
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