Décoration

Les secrets d'une cuisine bien pensée

Les secrets d'une cuisine bien pensée

Auteur : Coup de Pouce

La planification avant tout
Pourquoi envisage-t-on de rénover notre cuisine? Il est primordial de mettre le doigt sur nos insatisfactions et de bien cibler nos besoins avant de se lancer dans un tel projet. On fait le point en se posant quelques questions importantes.

Qui cuisine? Est-on généralement seule, ou doit-on négocier l'espace avec notre joyeuse tribu? Dans ce dernier cas, il vaut mieux prévoir des surfaces de travail généreuses pour avoir les coudées franches. Si la cuisine est utilisée par une personne âgée ou handicapée ou par des enfants, on pourrait adapter la hauteur des surfaces et l'éclairage pour que l'espace devienne plus accessible et sécuritaire pour tous. Pour connaître les principes guidant la conception d'une cuisine dite «universelle», on se réfère au site de la Société canadienne d'hypothèques et de logement(SCHL).

Comment cuisine-t-on? Une cuisine peut convenir à l'essentiel ou répondre aux exigences les plus pointues. Par exemple, si on utilise plusieurs petits appareils électriques, on aura besoin d'espace de rangement. Cuisine-t-on au pif ou avec des livres de recettes? Des tablettes pour les avoir à portée de la main seraient pratiques. Se réfère-t-on souvent à Internet? Si oui, on prévoit un coin ordinateur, qui pourra aussi être utilisé pour les devoirs des enfants.

Quelles sont nos habitudes de vie? La dynamique qui entoure l'heure des repas est importante. Est-on célibataire? Prépare-t-on surtout des repas pour la famille? Reçoit-on régulièrement des amis à la maison? Selon la réponse, on pourrait vouloir agrandir la cuisine ou décider de s'en tenir à un simple réaménagement. L'horaire des uns et des autres doit aussi être pris en compte. Si tout le monde mange toujours en même temps, il y a beaucoup de déplacements aux heures de pointe: il faudra prévoir les aires de circulation en conséquence.

Quel est le style architectural de la maison et où est-elle située? La cuisine doit bien s'intégrer à son environnement. Il faut tenir compte du style du quartier, de la maison et des autres pièces. Par exemple, un style champêtre convient bien à une maison de campagne, alors qu'on peut oser un design industriel dans un loft urbain. Le style impérial, populaire dans les vastes manoirs, paraîtra trop grandiloquent dans un petit bungalow.

Y a-t-il des problèmes majeurs à résoudre? Humidité persistante et moisissures, problèmes de structure, mauvaise circulation de la chaleur: on évalue s'il y a des problèmes de fond. Le cas échéant, on doit trouver leur origine et y remédier avant de mettre du neuf.

Qu'est-ce que je peux faire moi-même? Avant d'investir, on regarde où on peut s'investir. Entre tout faire soi-même et confier le mandat complet à une entreprise spécialisée, les possibilités sont infinies. On peut faire dessiner un plan par un designer ou un architecte, puis orchestrer l'intervention des professionnels (ébéniste, plombier, électricien), ou charger un entrepreneur général de l'ensemble des travaux. On décide en tenant compte de nos intérêts, de nos compétences, de notre agenda et de notre budget.Un investissement rentable
De toutes les améliorations qu'on apporte à une propriété, rénover la cuisine est la plus rentable: selon la SCHL, au moment de la vente, on peut s'attendre à récupérer entre 68 % et 73 % du montant investi. Selon l'Institut canadien des évaluateurs, ça peut aller jusqu'à 100 %! Encore doit-on respecter un budget raisonnable.

Comment l'établir? La règle d'or est d'y investir environ 10 % de la valeur de la propriété. «Si on investit trop peu, la cuisine ne répondra pas aux exigences des acheteurs dans cette gamme de prix. Si on dépasse la moyenne, on ne pourra pas récupérer l'investissement, car la valeur de la maison ne suivra pas», explique Nancy Ouellet, designer en chef chez Club Cuisine et salle de bains BCBG. Ainsi, pour une maison de 200 000 $, on vise des dépenses d'environ 20 000 $, qui incluent le coût des permis, les armoires, le revêtement de sol, les modifications aux installations (chauffage, ventilation, plomberie, électricité) et à la structure, les portes et fenêtres et l'élimination des déchets.

Rénover ou récupérer? Avant de se lancer tête baissée dans des travaux majeurs, on se demande si de petites améliorations ne suffiraient pas à rendre notre cuisine plus agréable. À la fois économique et écologique, la récupération est la solution à privilégier si:
  • l'aménagement actuel nous convient et que seul le style est à revoir. Comme les armoires sont l'élément le plus coûteux d'une rénovation, on les conserve si elles sont encore en bon état. On peut transformer la cuisine en remplaçant uniquement ce qui est désuet ou abîmé. Par exemple, on ravive le look de nos armoires en bois en leur donnant un coup de pinceau ou en changeant seulement les portes tout en préservant la structure des caissons (qui sont souvent comme neufs). D'autres petites améliorations faciles qui font une grosse différence: remplacer la robinetterie, changer un plan de travail, troquer le plancher de vinyle pour une belle céramique et revoir l'éclairage. Si nos électroménagers se font vieux, on magasine des appareils homologués Energy Star, qui réduiront notre facture d'électricité.
  • on vise la vente rapide de la maison. «Je ne recommande à personne de refaire sa cuisine en prévision d'une vente: il est trop difficile de tomber pile dans les goûts d'un acheteur, qui préférera payer la propriété moins cher pour ensuite la refaire à son goût», souligne Hélène Bergevin, agente immobilière affiliée Remax. Mieux vaut faire des investissements minimes pour mettre en valeur les atouts de la cuisine actuelle, par exemple en changeant les comptoirs stratifiés défraîchis ou en ajoutant de la céramique aux murs.
  • Une cuisine ergonomique
    On déplace plus facilement une ligne sur un croquis qu'un mur dans la maison! Avant d'aller plus loin, mieux vaut imaginer notre future cuisine sur papier. Même si on envisage de confier ultimement cette tâche à un professionnel, tracer un plan est instructif: on est rapidement confrontée à la nécessité de faire des choix et on précise mieux nos besoins.

    Pour dessiner un plan, on commence par faire un relevé précis des lieux (on mesure les murs, on note l'emplacement des fenêtres, des renvois d'eau, des prises électriques) et on le transpose sur papier, à l'échelle. On découpe ensuite des rectangles qui représentent nos appareils et des bandes de comptoirs (la profondeur standard est de 25 po), qu'on place sur le plan en tenant compte de certains principes d'ergonomie.

  • Le triangle. Pour rentabiliser l'espace et optimiser les déplacements, le réfrigérateur, la cuisinière et l'évier devraient former un triangle. Peu importe la forme de la cuisine, c'est une recette éprouvée. La distance totale à parcourir entre les trois appareils devrait se situer dans un registre de 12 à 26 pi. «Si le triangle est trop petit, on va manquer d'espace comptoir près des appareils pour bien travailler; dans un triangle trop grand, on se déplace inutilement et on est moins efficace», explique Pierre Dextraze, technicien en architecture.
  • Les zones d'activités. Pour une cuisine encore plus ergonomique, on regroupe les appareils et les espaces ayant des fonctions connexes en zones d'activités, comme dans les cuisines professionnelles. On définit ainsi cinq zones: provisions, rangement, lavage, préparation et cuisson. Par exemple, on limitera les déplacements inutiles en plaçant le réfrigérateur à proximité du garde-manger dans une même zone de provisions. Cette nouvelle manière de diviser l'espace est complémentaire au triangle: on continue de respecter celui-ci entre la zone de provisions, celle du lavage et celle de la cuisson.
  • Les surfaces de travail. Pour cuisiner efficacement, on prévoit des comptoirs de chaque côté de l'évier (c'est l'endroit où on s'installe le plus naturellement pour la préparation), d'un côté du réfrigérateur (pour déposer les provisions) et des deux côtés de la cuisinière. La hauteur standard des comptoirs est de 36 po.
  • Les aires de circulation. Entre les comptoirs qui se font face, on a besoin de 3 pi de distance pour circuler aisément. Pour les appareils dont la porte s'ouvre à l'avant (réfrigérateur, lave-vaisselle, four), on prévoit 4 pi de dégagement. On peut aussi jouer d'inventivité et placer un appareil pour que sa porte s'ouvre face au corridor formé par deux comptoirs.
  • L'îlot. Populaire depuis plusieurs années, un îlot peut être aussi bien un atout qu'un obstacle. Si on installe un îlot vide en espérant l'utiliser comme surface de travail, on fait fausse route puisqu'on ne s'installe pas spontanément sur un comptoir isolé: «L'îlot risque de briser notre triangle et de nuire à la fluidité des déplacements. Pour être utile, il doit accueillir un appareil, comme une plaque de cuisson ou, mieux, l'évier», suggère Pierre Dextraze.
  • Style et matériaux: les valeurs sûres
    Une cuisine fraîchement rénovée devrait nous convenir longtemps: il faut se demander si les choix qu'on fait maintenant nous plairont encore dans 5, 10 ou même 20 ans. Pour répondre par l'affirmative, on doit porter une attention toute particulière au style d'ensemble et au choix des matériaux.

    Le style général
    À considérer: Les classiques sont éternels, alors que toute mode finit par être dépassée. Pour une cuisine qui dure, on mise sur les classiques dans le choix des éléments les plus coûteux, qui sont là pour rester, comme les armoires et le revêtement de plancher. On relèvera le décor avec des accessoires. Côté couleurs, la tendance est aux armoires blanches, mais le bois d'un brun naturel est un choix plus durable. Pour le plancher et les comptoirs, on joue les teintes sobres, comme le gris ou le beige.

    Une valeur sûre: le style shaker, un classique passe-partout dont on ne se lasse pas. On apprécie ses lignes épurées et sa polyvalence, qui permet plusieurs variantes pour s'adapter à notre décor: par exemple, l'ajout d'une moulure ou de battants plus larges.

    Les armoires
    À considérer: Le budget d'une cuisine se joue sur les armoires, et notre choix sera souvent une affaire de compromis entre style, qualité et coût. Avec une durée de vie de plus de 20 ans, le bois est le choix le plus durable, mais aussi le plus coûteux. C'est aussi une option écolo, à condition de s'en tenir à des essences indigènes (cerisier, merisier, chêne, pin, etc.). À l'opposé, la mélamine est abordable, mais sa durée est limitée à environ 10 ans. D'autres options à envisager: le MDF (parfait pour des armoires laquées), le thermoplastique (abordable et pouvant être agrémenté de moulures et de reliefs) ou le polymère (polyvalent et offrant une excellente durée de vie). On porte attention à la qualité des charnières et des rails, qui doivent supporter plusieurs années d'utilisation.

    Une valeur sûre: le bois, à la fois classique et durable. Si on écarte cette option pour une question de coûts, Nancy Ouellet recommande de bien soupeser toutes les possibilités: «Pour un même plan, des armoires en bois peuvent coûter entre 10 000 $ et 35 000 $. Si notre budget est limité, on peut faire des compromis sur des détails de finition ou opter pour des portes en bois moins travaillées, qui dureront quand même deux fois plus longtemps que la mélamine.»

    Les comptoirs
    À considérer: La surface de travail idéale serait esthétique, résistante, facile d'entretien, antibactérienne et abordable. À défaut d'en trouver une qui soit parfaite, on choisira celle qui nous convient le mieux. Les pierres naturelles (granit, marbre, quartz) sont résistantes et ajoutent du chic au décor; poreuses, elles doivent cependant être traitées avec un scellant chaque année. Robuste et facile d'entretien, le Corian est offert dans un vaste choix de coloris (certains imitant les pierres naturelles), mais son aspect «plastique» ne fait pas l'unanimité. L'acier inoxydable est hygiénique, a du style et résiste à la chaleur, mais les marques y sont très apparentes. Le stratifié (Arborite) est facile à nettoyer et abordable, mais c'est le moins résistant. La céramique est aussi un choix économique, mais les joints compliquent l'entretien et la rendent moins hygiénique.

    Une valeur sûre: le granit, qui résiste à la chaleur, à l'eau, à l'usure et aux chocs.

    Les planchers
    À considérer: Robustesse et facilité d'entretien sont deux importants critères pour sélectionner le plancher d'une pièce aussi passante que la cuisine. On élimine d'emblée les surfaces texturées ou poreuses, comme l'ardoise, qui compliquent le nettoyage. La céramique a présentement la cote: la grande variété de finis et de couleurs s'accommode à tous les styles et à toutes les bourses. Elle est toutefois froide et cassante. Chaleureux et solide, le plancher de bois franc gagne en popularité et donne du cachet. Un couvre-plancher de vinyle se nettoie en un tournemain et représente une solution abordable.

    Une valeur sûre: la céramique au fini lisse.

    Éclairage: l'utile et l'agréable
    Elle est bien loin, l'époque où on éclairait toute la pièce avec un simple plafonnier! On utilise maintenant deux types d'éclairage dans la cuisine:
  • L'éclairage direct. Pour cuisiner de manière sécuritaire, il faut limiter les effets d'ombres, qui empêchent de bien voir ce qu'on fait. Au-dessus des plans de travail et de l'évier, on installe donc un éclairage direct, intense et uniforme. On utilise généralement des fluorescents placés sous les armoires ou des spots halogènes. Quant à la cuisinière, c'est la hotte qui lui procure un éclairage direct.
  • L'éclairage indirect (ou ambiant): Il donne le ton à la pièce et éclaire les aires de circulation. On peut opter pour des lampes suspendues ou encastrées, un rail d'éclairage, un plafonnier, des appliques murales ou une astucieuse combinaison de différentes sources: l'idée est de créer une ambiance, une dynamique entre les zones claires et sombres. L'éclairage ambiant doit être plus doux que l'éclairage direct pour ne pas projeter notre ombre sur les plans de travail. Au besoin, on installe des gradateurs pour ajuster la luminosité.
  • Les petits plus
    Une cuisine bien pensée passe également par diverses astuces d'organisation et par l'intégration d'accessoires qui nous facilitent la vie. Quelques bonnes idées à envisager.

  • Huche de rangement: Rangés au fond d'une armoire, les petits électros (grille-pain, robot culinaire, mélangeur, yaourtière, etc.) sont difficiles d'accès. On appréciera la huche à porte coulissante, à même le comptoir, d'où on pourra les sortir facilement et où on les rangera discrètement après usage.
  • Poubelle tandem: Signe d'une ère plus écolo, la poubelle de cuisine fait aujourd'hui place à un tandem qui inclut un bac de récupération. On accède aisément à la poubelle et au bac grâce à une porte tiroir coulissante.
  • Tiroir à épices: Ras le bol de l'étagère encombrée de pots de toutes les grosseurs, maladroitement empilés, qui tombent quand on essaie d'en attraper un au fond? On adopte le tiroir à épices: grâce à son diviseur en forme de vagues, les pots sont tous visibles et accessibles.
  • Vastes tiroirs: Pour le rangement des casseroles et des plats de plastique, les grands tiroirs ont la cote. Ils permettent de voir le contenu de haut, en un coup d'oeil, et d'attraper facilement ce dont on a besoin plutôt que de se pencher devant l'armoire où on les empilait traditionnellement.
  • Évier de grande capacité: L'évier de cuisine à deux petites cuves fait place à une seule cuve, profonde et spacieuse. Un tel évier laisse plus de marge de manoeuvre pour travailler sans éclaboussures et accueille les casseroles et gros articles devant être nettoyés à la main.
  • Armoires en coin sur mesure: Au classique plateau pivotant («Lazy Susan») Nancy Ouellet préfère les solutions d'aménagement pour faciliter l'accès aux articles rangés au fond des armoires en angle. Car, comme ce plateau est rond, on perd un peu d'espace dans les coins: «On construit plutôt des coins à 90 degrés avec une porte de 12 po et une autre de 18 po: l'ouverture est alors suffisamment grande pour accéder au fond.»
  • Armoires plus hautes: On laissait traditionnellement un espace vide au-dessus des armoires pour y installer des fluorescents. La tendance consiste plutôt à prolonger les armoires jusqu'au plafond: on bénéficie d'un surplus d'espace de rangement et on évite l'accumulation de poussière.

    Pour aller plus loin
  • Le feuillet d'information Avant de rénover votre cuisine,sur le site de la SCHL.
  • Les fiches pratiques du site français Choisir sa cuisine.
  • Les guides de planification sur le site des grandes quincailleries: Rona et Home Depot(cliquer sur les onglets «Vivre à l'intérieur» dans le menu orange, «Guide d'achat», «Plus de façons d'apprendre», «Planificateur de cuisine»).
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